En 1836, la demande d'érection d'une chapelle, manifeste un accroissement rapide de la population au lieu-dit du Point-du-Jour, inconnu avant 1800. Comment passe-t-on de la modeste Chapelle des Massues ouverte en 1842 à l'église Notre-Dame du Point-du-Jour actuelle?
Au milieu des années 1830, le développement de l’habitat et de la population aux alentours du lieu-dit du Point-du-Jour entraine une demande pour un lieu de culte de proximité. La paroisse est celle de Saint-Irénée dont l’église leur devient trop éloignée.
En 1836, des habitants créent une « commission de souscription pour l’érection d’une Chapelle au lieu du Point-du-Jour, territoire de Saint Irénée, quartier des Massues »
En 1839, un terrain du domaine du Point-du-Jour est acheté, à proximité du carrefour et de l’étang en voie d’asséchement.
Après l’accord de la municipalité de Lyon, l’octroi d’une subvention et la collecte de fonds auprès de donateurs privés, la construction démarre en 1840 sur les plans d’un architecte débutant, Tony DESJARDINS qui deviendra un architecte majeur de la construction lyonnaise.
La Chapelle des Massues est de style néo-roman, les premiers offices y sont dits en 1842. Elle est dédiée à Saint-Patient, Archevêque de Lyon qui fit construire au 5° siècle la première église de Saint-Irénée.
Autour de cette chapelle, c’est un village qui prend forme, un quartier qui se développe à partir de sa tradition jardinière, horticole et maraichère issue des besoins en approvisionnement de la ville et des grandes propriétés où les bourgeois viennent se reposer des tracas et des pollutions des quartiers en contre-bas.
De cette tradition découle sans doute, l’usage de la désigner aussi par Chapelle Saint-Fiacre, le protecteur des jardiniers dont la célébration de la fête sera longtemps un temps fort de la vie du quartier.
Bientôt, la Chapelle ne suffit plus à la demande. Le clergé de Saint-Irénée ne peut la desservir qu’une fois par semaine, pour une messe basse le dimanche. La création d’une paroisse et l’agrandissement du bâtiment viennent à l’ordre du jour.
Nous sommes alors sous le Second Empire, sous l’épiscopat de Monseigneur Bonald (ultramontain choisi par Louis-Philippe en 1839… favorable à la révolution en 1848, sénateur sous le Second Empire, mort en 1870). La démographie lyonnaise le conduira à créer douze nouvelles paroisses. S’il a l’initiative de la démarche, il doit en référer au préfet et au Conseil Municipal. De plus, comme alors les curés sont rémunérés par l’état, les Ministères des Cultes et des Finances doivent approuver la création.
Le Vendredi 30 Avril 1869, l’abbé Antoine Deshayes, ouvre le mois de Marie par une proclamation où il place le quartier sous la protection de la Vierge « Stella Matutina », l’étoile du matin. Le processus d’érection d’une nouvelle paroisse arrive dans sa phase finale.
Reprenons les termes enthousiastes d’un témoignage de l’époque :
L’installation canonique a eu lieu hier dimanche 2 mai, elle a été présidée par M. Pagnon, vicaire général, assisté de M. Crozet, chanoine de 1a primatiale et de M. Bergé, curé de Saint-Nizier.
Les médaillés de Sainte-Hélène, vénérables et glorieux représentants des légions, si souvent conduites à 1a victoire, ont assisté, par une délégation composée des chefs de section et conduite par leur vice-président à cette installation. Ils ont voulu rendre hommage, par leur présence, à Monsieur Ie Curé Deshayes, leur aumônier pendant son séjour comme vicaire à Saint-Nizier. La nomination de M. le Curé s’est faite le mercredi 21 avril. Rien, ou à peu près rien n’était disposé pour l’exercice du culte, et le jour de l’installation de M. Le Curé, l’Eglise de Notre-Dame du Point-du-Jour était pourvue :
1) – D’un ostensoir du plus grand prix, sorti des ateliers de notre éminent Artiste Monsieur Armand Calliat
2) – D’un assortirent complet de soutanes, rochets et aubes pour les enfants de cœur ;
3) – D’un confessionnal ;
4) - De missels, graduels et autres livres liturgiques ;
5) - De chandeliers, lustres, encensoirs, et enfin de tous 1es vases sacrés et ustensiles nécessaires au cu1te.
Comment tant d’apprêts ont-ils pu être exécutés en si peu de temps. Les coopérateurs ne s’en rendront pas compte eux-mêmes ; tout leur est venu et tout s’est fait providentiellement, c’est tout ce qu’ils peuvent dire. 0n présume bien que la Sainte Vierge y a mis aussi un peu la main.
Les événements feront que ce n’est qu’en 1872, que la nouvelle paroisse sera entérinée et la Chapelle des Massues deviendra l’église « Notre-Dame du Point-du-Jour ». Terrain et bâtiment deviennent propriété communale. On compte alors, déjà 1500 paroissiens, ce qui donne une idée de la croissance rapide du quartier.
En 1874, le bâtiment est agrandi par une abside et deux absidioles. Quelques années plus tard en 1880, un legs permet un nouvel agrandissement avec une tribune et la mise en place de vitraux dans le chœur.
Des lieux de rencontre paroissiaux renforceront progressivement la vie sociale du quartier.
En 1886, l’abbé Lignon finance la construction du presbytère et d’une école.
Faisons un bond dans le temps, pour arriver en 1956, dans la France d’après-guerre, en pleine reconstruction.
La croissance démographique et l’état de vétusté de l’église du Point-du-Jour amènent à envisager deux scénarios : la rénovation avec agrandissement ou une construction nouvelle.
Le besoin d’évolution des voiries oriente la municipalité vers la construction d’une nouvelle église sur un terrain distant du carrefour à réaménager.
En 1965, les négociations s’engagent pour un échange des biens paroissiaux de l’ancienne cure où construire des équipements sociaux sur l’avenue Joliot-Curie (aujourd’hui Groupe scolaire primaire Irène Joliot-Curie, crèche des Lutins, le tout jouxtant le Centre Social et Culturel construit au fond de l’impasse Secret)
En 1968, le Maire de Lyon propose la rectification du carrefour « Aqueducs-Joliot-Curie », la démolition de l’église et la construction d’une église plus vaste, située à l’angle des Aqueducs et de Champvert.
En 1969, est créé le Comité paroissial pour l’érection de la Nouvelle église Notre Dame du Point-du-Jour. La première pierre est posée en octobre 1971, la construction se déroule sur l’année 1972.
Le 3 décembre 1972, la dernière messe est célébrée en l’ancienne église
La légende dit qu’une fois la messe finie, on entendit « la vieille église, comme une aïeule usée se remémorer les jours de grande joie et ceux où elle se drapait de lourdes tentures noires. Elle s'est rappelé l'espièglerie des enfants de chœur qui mirent des poissons rouges dans un des grands bénitiers, de ceux qui introduisirent une chèvre pour effrayer les vieilles dames et leur faire penser que c'était le diable, ceux encore qui menacèrent de se mettre en grève ! Puis, comme la grand’mère, elle a donné ses joyaux à la nouvelle, pour qu’elle les garde précieusement. » (1)
L’ancienne église, issue de la vétérane Chapelle des Massues est démolie en 1973. Des bâtiments alentours le seront également pour se transformer en un ensemble d’immeubles et de commerces bordant une nouvelle place, celle des Compagnons de la Chanson.
Le témoignage « mon Eglise pour un parking » d’Adrien Humblot raconte ce que ressentent encore nos anciens (2)
Le 9 décembre 1972, le Cardinal Renard, en présence du Maire de Lyon, Louis Pradel consacre la nouvelle église Notre-Dame du Point-du-Jour
La nouvelle église est l’œuvre d’un architecte du quartier, André Beyssac dont la villa remarquable qui abritait son cabinet d’architecture est encore visible.
Le nouveau sanctuaire est édifié selon un plan octogonal, inspiré par la symbolique des nombres : 8 est le chiffre de la résurrection, de la renaissance par le baptême. D’où la forme octogonale des baptistères. Autre symbole de l’architecture, la toiture qui évoque la tente. L’intérieur de l’édifice est baigné de lumière et le clocher s’élance à la rencontre de l’étoile du matin.
Les vitraux sont l’œuvre de Jean-Marcel Heraut, artiste peintre et vitrier de notre région.
Cette architecture élégante garde toute sa force d’appel à la Paix intérieure quand on y pénètre. Pour ce qui est de l’extérieur, prenez garde, en entrant ou en sortant, comme nombre de bâtiments publics, c’est devenu une piste de skate-board.
Webographie succincte
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tony_Desjardins
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame_du_Point_du_Jour
https://journals.openedition.org/insitu/5887
https://www.lieuxdits.fr/wp-content/uploads/2019/05/Doubles-pages-DP-XXe.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marcel_H%C3%A9raut-Dumas
https://www.ardeche-guide.com/que-faire-en-ardeche/l-atelier-de-jean-marcel-heraut-663887
(1) Brochure « Le Point-du-Jour depuis les origines » disponible au secrétariat de l’Eglise Notre-Dame du Point-du-Jour
(2) Brochure ARHOLY « Au Point-du-Jour, nos anciens se souviennent et racontent » réédition 2017
(3) « Lyon 5° arrondissement- Aux origines de la ville » Ouvrage sous la direction d’André Pelletier. Juin 2015. Editions Lyonnaises d’Art et d’Histoire. EAN 978 2841473250
Association
25 rue Joliot Curie 69005 Lyon
Rhône
Auvergne-Rhône-Alpes
France
associationarholy@gmail.com
06 37 77 95 83
Page Philianova